Le Comité central des Vingt arrondissements

 
 
Quelques documents nouveaux pour l'histoire du Comité central républicain des Vingt arrondissements
 
Le Mouvement social, n° 37, octobre-décembre 1961
 
 
En nous donnant l'histoire du « Comité central républicain des vingt arrondissements » — l'organisation révolutionnaire émanant des réunions populaires de Paris qui prépara inlassablement, du 4 septembre 1870 au 18 mars 1871, la révolution communale sans parvenir jamais à la réussir, —  Dautry et Scheler ont apporté une contribution d'une exceptionnelle importance à l'étude de la Commune (1). Ayant eu la chance rare de retrouver les papiers de Constant Martin, secrétaire du Comité, ils nous offrent, dans une excellente présentation critique, cette documentation riche et neuve, précisée et complétée par la publication des sources imprimées que livre en abondance la presse du moment (2). J'avais pour ma part, dans le cadre de recherches sur la Commune, tenté d'étudier l'histoire de ce Comité. Une patiente quête m'a permis de découvrir d'autres documents originaux, en moins grand nombre, mais qui aujourd'hui comblent heureusement certaines lacunes existant dans les papiers de Martin. Ils proviennent pour l'essentiel des archives du Ministère de la Guerre et de la Préfecture de Police, très accessoirement des Archives nationales, et sont probablement les débris des papiers d'Eugène Châtelain, premier secrétaire du Comité, saisis chez lui à diverses reprises. Je les apporte à titre de complément à un livre important, auquel on me permettra, en passant, quelques critiques.
 
I. — Période du 4 septembre ou 31 octobre 1870
 
Je n'ai retrouvé pour cette période que de rares documents et très disparates, mais c'est aussi celle pour laquelle les papiers de Martin sont les plus riches. Il en est un cependant, toujours oublié, qu'on doit rappeler, ne serait-ce que pour mémoire : le résumé des activités du Comité entre ces deux dates, publié en annexe au rapport Daru devant la commission d'enquête sur les activités du Gouvernement de la Défense nationale. L'original en était peut-être de la main de Félix Pyat et devait se trouver aux archives de la Guerre ; il paraît perdu, mais les Archives nationales en ont conservé copie : (3)
 
 
Séance du Comité des vingt arrondissements au siège de l’Internationale et de la Fédération, place de la Corderie du Temple n° 6.
 
Séance du 4 septembre
 
Réunion de l'Internationale et de la Fédération, place de la Corderie du Temple, de 6 heures à 10 heures du soir. On arrête après discussion que  :
 
1° on n'attaquera pas le gouvernement provisoire acclamé, attendu le fait de guerre et aussi attendu le peu de préparation des forces populaires encore inorganisées.
 
2° on réclamera d'urgence au gouvernement :
la suppression  de la Préfecture de police  et l'organisation  de la police municipale
la révocation  immédiate  de la magistrature  impériale
la suppression de toutes les lois restrictives, pénales ou fiscales, concernant la presse, le droit de réunion et d'association
l'élection immédiate de la municipalité parisienne
l'annulation (et non l'amnistie) de toutes les condamnations et poursuites concernant les faits qualifiés crimes eu délit politiques, ou se rattachant aux mouvements populaires quelconques sous l'Empire.
 
Une délégation est nommée immédiatement pour porter ces résolutions à l'Hôtel de Ville. Elle ne fut malheureusement reçue que le 5 dans l'après-midi, les commissaires nommés n'ayant pas su forcer l'entrée dans la nuit même (4). Il fut rédigé séance tenante une adresse au peuple allemand, dont l'impression et la traduction en langue allemande fut votée de suite (5). Cette proclamation invoquait la solidarité des travailleurs européens pour amener la cessation de la guerre.
 
Avant de se séparer, l'assemblée vota le principe d'un Comité central indépendant de l'Internationale et des Fédérations (sic) et composé de délégués d'arrondissement.
 
 
Séance du 5 septembre
 
Le 5 septembre, à la réunion de la rue Aumaire, il est décidé qu'on invitera tous les arrondissements à former chacun un comité composé de délégués désignés par les réunions publiques, et que les vingt comités enverraient à leur tour quatre délégués choisis pour composer le Comité central, dont le siège est provisoirement fixé rue de la Corderie du Temple (6).
 
     Réunion du 11
 
Le 11 septembre, la première réunion du Comité central a lieu. Quinze arrondissements y sont représentés par des délégués régulièrement envoyés. Malheureusement, les comités d'arrondissement, à l'exception des XIe et XVIIIe ne trouvèrent généralement que l'hostilité dans les municipalités nommées par l'autorité. et toutes, à l'exception de ces deux-là, refusèrent formellement de leur affecter un local dans leurs mairies respectives (7).
 
Le 18, le Comité central fait afficher le programme des mesures à prendre immédiatement, tant pour la défense de Paris et son alimentation que pour l'organisation de la résistance dans les départements (8). Ces affiches sont arrachées dans les quartiers réactionnaires.
 
Le 22, une commission de vingt membres, nommée par tous les arrondissements de Paris, réunis en assemblée générale à la salle de l'Alcazar, se joint à une manifestation des chefs de bataillon de la Garde nationale pour sommer le gouvernement de prendre les mesures indiquées dans son programme et pour réclamer l'envoi de délégués en province, ainsi que l'élection immédiate de la municipalité parisienne (Commune de Paris), qui avait été fixée au 28 septembre par décret affiché le 20. Il assigne à quatre-vingts seulement le nombre de ses membres (soit quatre par arrondissement). Le Comité central demande l'élection pour le 25 et qu'on porte au moins à dix par arrondissement, ou mieux encore à un par dix mille habitants le nombre des conseillers. Le gouvernement s'engage pour le 28 à faire les élections mais il ne se décide pas à l'augmentation du nombre demandé (9).
 
     26 septembre
 
Nouvelle démarche du Comité central, d'accord avec les chefs de bataillon qui au nombre de cent sept se rendent au gouvernement — les élections ayant été ajournées indéfiniment par un nouveau décret — pour réclamer la nomination immédiate de la Commune. Ils sont reçus par Picard, Gambetta, enfin l'éternel J. Ferry. (Petite scène dramatique à minuit, organisée à ce sujet par Picard : il vient annoncer d'une voix émue que, tandis qu'on délibère, Paris est envahi par les Prussiens — coups de canon dans le lointain — une partie des assistants sort précipitamment — il est impossible d'obtenir une décision, la farce est jouée.) On se sépare sans avoir rien obtenu que cette réponse vague : que le gouvernement avisera.
 
     6 octobre
 
Le Comité central arrête qu'il convoquera les citoyens à une manifestation pour le 8, afin d'obtenir la convocation immédiate de la Commune. L'appel du Comité, rédigé et voté le 7, est affiché dans la nuit. Malheureusement, les chefs de bataillon de leur côté, mal ou insuffisamment avertis, arrêtent que la manifestation aura lieu seulement le 10. La manifestation du 8 manque complètement : les délégués ne peuvent entrer dans l'Hôtel de Ville, trois seulement y sont admis. Le gouvernement refuse de les recevoir. Kératry veut les faire arrêter à la sortie, mais en présence de leur attitude et de celle de leurs compagnons, restés en dehors de la grille, il donne contre-ordre. 5 à 6.000 hommes seulement et sans armes avaient répondu à l'appel. Le rappel est battu à 5 heures, la place est évacuée par les bataillons de la Garde nationale appelés par le Gouvernement, qui les passe en revue au cri de : « À bas la Commune ».
Le Comité central publie un programme sur l'organisation de la Commune et son action (10).
 
 
   31 octobre
 
Réunion générale des délégués des vingt arrondissements, place de la Corderie du Temple. Les événements du Bourget et les affiches apposées le matin dans Paris, annonçant l'armistice projeté et la reddition de Metz y font affluer les citoyens. Millière et Oudet prennent successivement la parole pour résumer la situation et engager les délégués à prendre des résolutions énergiques. Lefrançais déclare que ce n'est plus l'heure de délibérer, qu'il faut marcher de suite sur l'Hôtel de Ville, y pénétrer de vive force s'il est nécessaire, y déclarer la déchéance du gouvernement et constituer une commission pour procéder à la nomination immédiate de la Commune.
 
Tous les délégués se forment aussitôt en une colonne de 3 à 400 hommes environ, et se dirigent sur l'Hôtel de Ville. Malheureusement, faute de concert préalable et à cause de la précipitation des événements, leur action n'a pas de caractère unitaire, ils ne sont point appuyés par de suffisantes forces, les bataillons républicains n'ayant pu être convoqués que tardivement.
 
Le Comité central en décadence se transforme sur le moment en une ligue dite de résistance à outrance pour le salut de la République. »
 
 
Outre qu'il rafraîchira utilement la mémoire du lecteur, en dépit de ses inexactitudes de détail, ce rapide canevas apporte, à défaut d'éléments très nouveaux, des précisions non négligeables, qui prennent toute leur valeur si on les confronte avec d'autres sources, notamment un témoignage qui a été à tort négligé par  Dautry et Scheler, celui de Lefrançais dans son Etude sur le mouvement communaliste à Paris (11). Je rassemble mes observations en quelques rubriques principales, où j'intercalerai encore un certain nombre de pièces, inédites ou oubliées.
 
 
1.     L'Internationale parisienne au 4 septembre
 
 
Même si on ne prend pas à la lettre l'affirmation que c'est dès le soir du 4 septembre que fut voté le principe d'un Comité central, le début du document confirme le rôle initiateur de l'Internationale dans sa formation, s'il en était besoin après l'excellente démonstration de Dautry et Scheler. Ceci posé, il importe évidemment de dégager quels étaient les objectifs de la section parisienne, à l'égard de laquelle ces deux auteurs se sont montrés, je crois, injustes. Ne mentionnant qu'en passant la réunion du 4, analysant trop rapidement ses décisions, ils décrivent ensuite l'Internationale comme timorée : au moment où la vacance du pouvoir donnait aux révolutionnaires la chance de s'imposer, elle aurait, à un « projet majeur » formulé par quelques militants, d'élection par acclamation d'une municipalité populaire qui se mettrait à la tête de Paris, timidement préféré un « projet mineur... qui ne risque pas d'incommoder le gouvernement » d'organisation de comités de résistance nationale, fédérés en un Comité central qui offrait un imprudent soutien aux bourgeois du « Provisoire » (12).
 
L'interprétation me paraît inexacte. L'élection « tumultuaire » d'une municipalité de salut public était une utopie impraticable, et le peuple parisien n'aurait pas suivi ; au contraire, les exigences formulées au soir du 4 septembre — y compris l'élection d'une municipalité démocratique — sont précises et pratiques. Leur énumération par Lefrançais concorde avec celle de Pyat :
 
« 1° Election immédiate à Paris des conseils municipaux ayant mission spéciale, en outre de leurs fonctions administratives, d'organiser rapidement la formation des bataillons de la Garde nationale et leur armement.
 
2° Suppression de la Préfecture de police et restitution aux municipalités parisiennes de la plupart des services centralisés à cette Préfecture.
 
3° Déclarer en principe toute magistrature élective et révocable et faire procéder   aussi   promptement   que  possible  à   l'élection   de  nouveaux  magistrats.
 
4° Abroger toutes les lois répressives, restrictives et fiscales régissant la presse, le droit de réunion et celui d'association.
 
5° Supprimer le budget des cultes.
 
6° Annuler enfin toutes les condamnations politiques prononcées à ce jour ; cesser toutes poursuites intentées antérieurement et libérer tous ceux qui avaient été arrêtés  en raison  des  derniers  événements.  »  (13).
 
Il est exact que les Internationaux se soient quelque peu laissé berner par le « Provisoire », quand ils présentèrent ces exigences :
 
« La délégation fut reçue à une heure du matin par le citoyen Gambetta, qui de suite, répondit que le timbre et le cautionnement des journaux étant supprimés par le fait de la révolution qui venait de s'accomplir, il n'y avait pas lieu de s'appesantir à ce sujet. Quant aux poursuites, condamnations et arrestations pour causes politiques, le décret d'amnistie était à ce moment même à l'imprimerie et serait affiché le lendemain.
 
Quant à l'élection des Conseils municipaux, à celle des magistrats, à la suppression de la Préfecture de police et du budget des cultes, et à la reconnaissance absolue du droit d'écrire, de parler, de s'associer, « c'étaient là de graves questions que le gouvernement n'avait pas le droit de trancher. Mais on aviserait, et on ferait certainement cesser les abus, etc., etc. » Nos délégués se retirèrent donc assez soucieux. » (14).
 
Mais ils n'étaient pas seuls à se laisser prendre au piège de l'union sacrée : qu'on se rappelle la déclaration de Blanqui dans le premier numéro de La Patrie en Danger ! Leurs illusions ne sont d'ailleurs pas excessives, comme en témoigne une circulaire trop oubliée du Conseil fédéral aux Internationaux de province, qu'on peut dater des premiers jours de la République (15)  :
 
« Dans l'impossibilité où nous sommes de répondre à toutes les lettres particulières qui nous sont adressées par les sections départementales de l'Association Internationale, nous vous adressons la présente circulaire comme premier renseignement : 
Dans l'époque critique que nous traversons, les événements gigantesques dont nous sommes témoins nous tracent notre ligne de conduite. Le jour des défiances et des dissidences n'est pas venu, nous ne pouvons voir que deux devoirs à remplir : la défense de Paris — prendre nos précautions contre la réaction étourdie mais non vaincue. Nous agissons en conséquence.
Par tous les moyens possibles, nous concourons à la Défense nationale qui est la chose capitale du moment. Depuis la proclamation de la République, l'épouvantable guerre actuelle a pris une autre signification ; elle est maintenant le duel à mort entre le monarchisme féodal et la démocratie républicaine. Paris assiégé par le roi de Prusse, c'est la civilisation, c'est la révolution en péril. Nous voulons défendre Paris à outrance.
Les réunions publiques que nous ouvrons dans tous les quartiers, l'organisation des comités républicains que nous accélérons, la part active que nous prenons aux travaux des municipalités républicaines, les adresses au peuple allemand que nous répandons, les appels à l'énergie et à l'union que nous signons, le concours que nous prêtons au gouvernement de Défense nationale, n’ont pas d'autre but.
Nous ne négligeons pourtant pas les précautions à prendre contre la réaction épargnée et menaçante. Nous organisons en ce sens nos comités de vigilance dans tous  les  quartiers   et nous  poussons  à  la  fondation  des  districts   qui  furent  si utiles en 93.
C'est, croyons-nous, dans ce sens que vous devez agir : 1° surexciter par tous les moyens possibles le patriotisme qui doit sauver la France révolutionnaire : 2° prendre des mesures énergiques contre la réaction bourgeoise et bonapartiste et pousser à l'acceptation des grandes mesures de défense par l'organisation des. Comités républicains, premiers éléments des futures Communes révolutionnaires.
Notre révolution à nous n'est pas encore faite, et nous la ferons lorsque, débarrassés de l'invasion, nous jetterons révolutionnairement les fondements de la société égalitaire que nous voulons.
Ce nous sera facile si déjà nous sommes résolus, énergiques et persévérants.
Vive la République sociale !
 
Pour le Conseil fédéral parisien : B. Malon, E. Varlin, Henry Backruch (sic). »
 
Ce n'est pas comme un organisme anodin et domesticable que les Internationaux envisagent leur comité, mais comme un rassemblement révolutionnaire des forces populaires, indispensable précaution contre la réaction en même temps qu'il devait être le premier élément de la future Commune. Il s'agit d'une organisation doublant (aux deux sens du terme) le douteux gouvernement provisoire dont il avait été impossible d'empêcher la formation, mais auquel il fallait maintenant forcer la main par la pression populaire. « Les vingt comités de vigilance — dit Lefrançais — seront de leur côté des espèces de municipalités révolutionnaires... » (16) : c'est bien le rôle qu'ont pu s'arroger certains d'entre eux ; pendant le siège, le Provisoire a gouverné la France, non les XVIIe à XXe arrondissements de Paris.
 
 
2.     Débuts du Comité central
 
 
Le document Pyat permet de fixer la date de la première séance du Comité qui est bien, comme l'avaient supposé. Dautry et Scheler, le 11 septembre. Il est malheureusement muet sur le Comité provisoire qui avait précédé (17). Nous savons par Chassin que celui-ci avait formé plusieurs commissions, militaire, de police, des subsistances et du travail... (nouvelle preuve qu'il entendait se conduire comme une espèce de second ministère populaire). Voici quelques textes illustrant l'activité de la commission militaire, qui prenait en charge la défense de Paris :
 
« Le Comité central républicain nommé par délégation des vingt arrondissements de Paris ont (sic) délégué les citoyens Cluseret, Flourens, Ch. Lullier, Ed. Vaillant, G. Naquet, Wilfrid de Fonvielle, Demay, pour vérifier l'exécution des mesures scientifiques et stratégiques que nécessite la défense nationale. Il donne mandat aux citoyens sus-nommés de se faire remettre toutes les pièces nécessaires au travail que nous leur donnons.
Pour le Comité central, le président de la séance du 9 septembre. » (18).
 
Le mandat adressé à Lullier souligne le rôle de l'Internationale en ces débuts du Comité central :
 
« La Société internationale ayant par le vote de ses délégués, réunis place de la Corderie, procédé à l'élection de son Comité de défense, ce comité est composé des citoyens dont les noms suivent : Cluseret, Flourens, C. Lullier, Ed. Vaillant, G. Naquet, W. Fonvielle, Demay.
En conséquence, le citoyen Lullier est invité à se trouver demain samedi à 10 h. du matin, au Café de la Garde nationale, place de l'Hôtel de Ville, où il trouvera ses collègues, et de là ils se rendront à l'Hôtel de Ville afin de s'entendre avec le gouvernement,
 
Paris, le 9 septembre 1870. Salut fraternel, Demay. »
 
 
Quelques jours après, la composition de la commission a légèrement changé :
 
« Le Comité central de défense vous prie instamment de vous trouver demain matin, 10 h., au Café de la Garde nationale, en face de l'Hôtel de Ville. Ce comité se compose des citoyens : Cluseret. G. Flourens, G. Naquet, Vaillant, Demay, Lullier.
Ce 11 septembre 1870. Pour le Comité, le secrétaire : Mangold. » (19).
 
 
C'est à tort par ailleurs qu'on considère l'affiche rouge du 15 septembre comme le premier document officiel émanant du Comité. Le tract imprimé suivant l'a sûrement précédée : l'affiche, en effet, mentionne au passé des propositions qui ont déjà été soumises au gouvernement par le Comité (« il a successivement présenté ... les mesures suivantes : 1° mesures de sécurité publique... 20 subsistances et logements ... ») et ne fait que reprendre en partie les termes de ce document plus complet, qui est probablement l'œuvre de la commission des subsistances (20) :
 
« Comité central républicain Les soussignés, désignés par le Comité central républicain,
 
Attendu qu'il est du devoir des délégués du peuple de concourir à la défense nationale dans la mesure des pouvoirs qui leur ont été donnés ;
 
Attendu qu'il a été décidé en assemblée générale que tous les partis républicains devaient s'unir au Gouvernement provisoire pour aider à la résistance de Paris ;
 
Proposent au Gouvernement provisoire :
Mesures à adopter pour l'alimentation de Paris pendant la durée du siège :
 
1° Exproprier pour cause d'utilité publique toute denrée alimentaire et tout bétail se trouvant encore à six jours hors Paris, dans un rayon de 40 kms et excédant les besoins immédiats des habitants qui habitent réellement cette zone, ainsi que celles de première nécessité actuellement emmagasinées  dans Paris ;
 
2° Dresser l'inventaire du stock des denrées à l'aide de commissions dont les membres seront élus dans chaque rue, et qui auront tout pouvoir de faire représenter les marchandises en magasin chez tous les marchands en gros et de détail habitant chacune de ces rues où les commissions auront été élues, et aussi de faire toute perquisition qu'il sera besoin pour vérifier la sincérité et l'exactitude des déclarations qui leur auront été faites ; il sera remis aux marchands ainsi expropriés une reconnaissance de la valeur de leurs marchandises, dont le prix fixé sur facture leur sera remboursé après la guerre par la nation. Ces marchands seront alors déclarés, sur leur responsabilité, consignataires du stock constaté dans leurs magasins, avec défense formelle de faire tous échanges et toutes distributions autre que ceux qui auront été autorisés par le Conseil de leur arrondissement ;
 
3° Les inventaires partiels dressés par les Commissions dont il vient d'être parlé seront collectionnés immédiatement par le Comité de chacun des vingt arrondissements de Paris. Un résumé général par nature de produits consommables sera dressé d'urgence et copie en sera remise à chacun des Comités d'arrondissement ;
 
4° En même temps, les Comités d'arrondissement dresseront la liste des citoyens habitant l'arrondissement. Cette liste indiquera la quantité de personnes composant la famille de chaque citoyen marié ;
 
5° Les Comités d'arrondissement seront ensuite chargés de distribuer des bons de vivres au prorata de chaque famille, et selon une moyenne calculée d'après la quantité de denrées en magasin, le nombre de citoyens composant la population de Paris et la durée du siège.
Tous les citoyens de Paris qui reconnaîtront la nécessité et l'urgence de ces mesures sont invités à faire immédiatement parvenir- leur adhésion, individuelle ou par groupes, au Comité central républicain, 6, place de la Corderie du Temple, local de la Fédération ouvrière, à l'adresse des délégués du Comité de leur arrondissement.
Ces résolutions ont été adoptées dans les réunions publiques des vingt arrondissements de Paris.
Pindy, Mongold (.sic), Roullier, Lefrançais, Roy (Emile), etc.. »
On aura noté que les comités locaux ne sont nullement considérés comme les auxiliaires d'une administration régulière, mais comme cette administration elle-même,, issue du peuple et travaillant pour le peuple.
Enfin, le 17 septembre, le Comité central (probablement sa commission des relations extérieures) recevait la lettre suivante du Comité des proscrits (21)  :
« Paris, le 16 7bre 1870.
Monsieur le Président du Comité central républicain,
Le Comité des proscrits et condamnés politiques — 36, avenue de Clichy — a délégué dans son assemblée générale du, 15 courant vingt-quatre de ses membres pour aller chacun dans son département répandre les idées républicaines et exciter la jeunesse du midi qui ne se fait pas encore une idée exacte du fléau de la guerre, à se lever en masse et à se diriger immédiatement contre l'ennemi.
Le gouvernement provisoire ne nous prêtera pas son concours ; du moins il ne paralysera pas.notre liberté d'action et quels que doivent être les périls auxquels nous serons exposés, nous marcherons quand même et ferons dans la limite de nos forces et de nos moyens.
Le but est grand, la tâche est difficile. Le Comité central républicain voudrait-il nous faciliter notre mission ? Nous ne craignons pas de faire appel à son intervention toujours généreuse et si souvent spontanée, persuadé qu'il fera tous ses efforts pour nous seconder.
Agréez, messieurs les Délégués, l'hommage de nos sentiments respectueux et l'assurance de notre reconnaissance anticipée.
Pour  le  Comité : Alfred  Vidal, Andrée (?), Drosne, Pierre  Girard. »
 
3.     Luttes de tendances au sein du Comité central
 
Si la section parisienne avait formé le projet d'une organisation révolutionnaire, le Comité définitif s'est montré incapable de le réaliser. On n'entend bientôt plus parler de ses commissions (22), il se contente de proclamations souvent conciliantes à l'égard du gouvernement, quelquefois plus énergiques mais toujours inefficaces, quand bien même elles sont de la lyrique main de Vallès ; le Provisoire n'a nulle peine à neutraliser ce qui n'apparaît plus du tout comme un second gouvernement populaire.
Pour justifier un tel manque d'énergie, Dautry et Scheler font appel au « proudhonisme implicite » dont sont victimes nombre de ses militants. Posant, par un réflexe bien connu chez les historiens français que proudhonisme signifie modérantisme et fédéralisme décentralisateur et inversement, il leur semble trouver trace de ces faiblesses dans le Comité. A la séance du 30 septembre où l'on débat du règlement intérieur, le « proudhonien implicite » Vertut (avec l'appui de Vallès, mais également celui plus étrange du blanquiste C. Martin) « demande que le Comité central soit dirigé et non directeur » — entendons qu'il reçoive ses directives des comités d'arrondissement et n'impose pas les siennes : type d'organisation décentralisée à la manière de Proudhon ! Cette formule l'emporte, en même temps que les proclamations deviennent plus modérées de ton début octobre : Vertut était-il satisfait ? C'est bien un Comité central dirigé qui se révèle (dans une proclamation électorale), n'évoquant que la spontanéité populaire et aussi la paix sociale. Le même esprit fédéraliste et conciliant a présidé, en général, à la rédaction de la longue Déclaration de principes... aux électeurs » (23).
 
Je ne crois pas que ce soit le proudhonisme qui donne la clé du modérantisme (réel) du Comité. Une lecture attentive du manuscrit de Chassin, confronté avec l'Etude... de Lefrançais, fait voir autrement les choses, et révèle, au moins jusqu'au 8 octobre, l'existence au sein du Comité de deux tendances rivales. Une droite conciliatrice qui, si elle compte dans ses rangs le proudhonien Leverdays, n'est pas toute proudhonienne : à sa tête Chassin, républicain plutôt jacobin, dont le souci — il s'en vante — est de réaliser sur un programme très modéré l'union de tous les républicains, même les plus pâles. — Une gauche, où l'on remarque des blanquistes, mais dont le chef de file, de l'aveu de Chassin, est Lefrançais, tout aussi « proudhonien » que ses amis Dupas ou Vallès (24). Fin septembre, quand le Provisoire qui avait promis de rapides élections municipales essaie de revenir sur les assurances données, Lefrançais prône une attitude énergique, propose la publication d'un texte que  Dautry et Scheler — qui se montrent extrêmement injustes à l'égard de Lefrançais — ont tort de ne pas citer, tel que le reproduit Chassin  dans son manuscrit  :
 
« Citoyens,
 
Par décret en date du 16 septembre, vous aviez été convoqués par le gouvernement provisoire pour élire les membres de la Commune de Paris. Au mépris de votre droit, au mépris des principes professés pendant vingt ans par la plupart des membres du gouvernement provisoire, ce dernier, par une note publiée le 24 septembre à l'Officiel a annulé le décret précité et ajourné définitivement les élections au Conseil municipal.
En vain depuis cette note, une série de députations composées de chefs de bataillon de la Garde nationale et de délégués d'arrondissement se sont présentés devant le gouvernement provisoire pour le rappeler à l'exercice de son propre devoir. Le gouvernement arguant de prétendues difficultés matérielles qui ne sont qu'un prétexte, prétend usurper le droit absolu de la grande cité de pourvoir directement à sa défense et de s'opposer à toute transaction plus ou moins honteuse qu'à cette heure encore on médite contre elle.
En vain ces derniers jours vos délégués et les chefs de bataillon de la Garde nationale, élus régulièrement par vous, se sont présentés une dernière fois avec des vues conciliatrices devant deux membres du gouvernement provisoire, les citoyens Gambetta et Picard, pour soutenir l'urgence dé l'élection de la Commune de Paris qui seule peut sauver le pays dans la crise extrême où nous a plongés la trahison des uns et l'excessive faiblesse des autres. En vain a-t-on invoqué auprès d'eux les motifs de droit et de justice, sur lesquels se fonde la nécessité de l'élection d'une Commune. Le Journal officiel du lendemain a confirmé la note d'ajournement du 24.
Citoyens de Paris, la constitution de la Commune de Paris peut seule mettre un terme aux embarras et aux indécisions du gouvernement provisoire. Le salut de la patrie et de la République dépend de votre énergie et de votre résolution.
Nous ne vous disons pas : aux armes ! mais aux urnes, citoyens, aux urnes !
En conséquence nous vous invitons à vous réunir dimanche prochain 9 octobre dans les locaux qui vous seront ultérieurement désignés. Des registres contenant les noms, qualités, professions et domiciles de tous seront ouverts et vous aurez à signer ces registres, en même temps qu'un bulletin contenant les noms des candidats proposés à votre élection et que vous aurez le droit de modifier. Ce bulletin sera également signé de vous, avec indication du domicile et portera le numéro d'ordre de votation correspondant au registre d'enregistrement. Le scrutin sera ouvert pendant — jours, et seront admis au vote dans chaque arrondissement tous citoyens armés ou non faisant partie de la Garde nationale ou justifiant de leur inscription sur la liste d'armement, et tous autres citoyens qui pour motifs d'âge ou d'infirmité n'étant point inscrits sur ces listes, justifieraient d'un domicile réel dans l'arrondissement.
Nous vous conjurons encore une fois, citoyens, de vous rendre à notre appel suprême, afin de sauver la République et de l'étranger qui la menace et de la réaction qui veut la renverser.
Vive la République universelle !  »
 
Il demande encore que la protestation soit appuyée par une manifestation en armes. Mais Chassin, qu'il accuse « d'émasculer le Comité par (son) habileté et (son) activité débilitantes », l'emporte à ce moment au comité dont il préside presque toutes les séances, et impose une politique de transaction qui ne froisse ni les républicains modérés, ni même les partisans du gouvernement. Pas de manifestation ; une molle déclaration est rédigée par Leverdays  :
 
« ...La Commune de Paris, comme toute autre commune, doit se contenir sévèrement dans les limites de sa propre autonomie. Elle ne peut avoir la prétention d'exercer un contrôle sur les résolutions ou les actes des pouvoirs nationaux définitifs ou provisoires, législatifs ou exécutifs, sauf le cas où ces actes et résolutions attenteraient aux droits, libertés, garanties et intérêts de la cité parisienne. »
Il est toujours dangereux d'invoquer le proudhonisme en général : celui de Leverdays ne ressemble pas à celui de Lefrançais. Bien plus, l'hypothèse avancée par  Dautry et Scheler que décentralisation signifie proudhonisme, donc modérantisme, les conduit, je crois, à un contresens. Quand Vertut demande « un comité central dirigé », il n'est pas le porte-parole des modérés, mais de la gauche. C'est dans un comité qui n'est plus suffisamment représentatif que Chassin, délégué bourgeois du IXe arrondissement, peut faire prévaloir son influence « débilitante ». La gauche réclame le retour aux sources, que la ligne soit décidée non par quelques brillantes individualités, mais par les représentants des arrondissements venant chaque jour au comité central : c'est qu'elle sait que ceux-ci demandent dans leur grande majorité une politique franchement révolutionnaire, et sont prêts par exemple à procéder — selon le mode que suggère Lefrançais — à l'élection de la Commune sans l'assentiment du gouvernement. Ceci explique que le blanquiste Constant Martin ait soutenu la proposition de Vertut.
 
 
4.     Le Comité central et l'Internationale
 
 
Le triomphe de Chassin n'a été que provisoire : contre lui Lefrançais fait adopter le principe d'une manifestation pour le 8 octobre. Elle échoue, mais Chassin, pour marquer son désaccord, quitte définitivement le Comité, probablement accompagné de la plupart de ses amis modérés.
Mais son succès momentané, qui dénaturait profondément le projet primitif, me paraît avoir eu une conséquence infiniment plus importante. L'Internationale a pratiquement abandonné le Comité central. L'explication est, je crois, qu'à une politique d'alliance toujours douteuse avec des éléments politiques, non ouvriers, elle préfère reconstituer sa propre organisation, et, déçue, mener seule son action.  Dautry et Scheler n'ont pas assez souligné la gravité de cette rupture, dont Lefrançais apporte le témoignage (25) :
 
« Bien que le Comité central... renfermât un grand nombre de socialistes et de membres de l'Internationale, il n'en est pas moins certain que cette société, de même que les chambres syndicales ouvrières demeurèrent totalement étrangères, en tant qu'organisations particulières, aux divers événements qui s'accomplirent du 4 septembre au 31 octobre.
Dès la formation des Comités de vigilance et du Comité central, l'Internationale et la Fédération ouvrière, tout en mettant leur local à la disposition des Comités, déclarèrent vouloir rester en dehors de toute action émanant de ces comités. Plus tard, après le 8 octobre, les sections ayant été invitées à se réorganiser, une commission ad hoc se réunit afin d'aviser.
Nous assistions à cette séance, en qualité de délégué du Comité central, dont l'échec du 8 octobre avait atteint l'influence, et nous invitâmes, au nom des membres les plus connus de ce Comité, la commission de l'Internationale et de la Fédération réunies, à prendre désormais en mains la direction du mouvement populaire dont le prochain accomplissement se laissait pressentir.
Nous insistâmes vivement sur l'urgence qu'il y avait qu'une société dont le programme était connu et dont les principes républicains ne faisaient plus doute pour personne, s'emparât de la direction des affaires, afin de substituer l'initiative des groupes et des idées à celle d'individualités plus ou moins avides de pouvoir, mais généralement dépourvues de toute conception économique nouvelle. Il était temps, ajoutions-nous alors, que la révolution fût faite par le peuple et sous forme d'anonymat, afin de couper court aux ambitions individuelles et malsaines. Seules, selon nous, l'Internationale et la Fédération ouvrière étaient capables de réaliser la Révolution sociale dont l'avènement de la Commune de jour en jour plus probable, allait donner le signal.
Tout en reconnaissant la justesse de cette façon de voir — commune d'ailleurs à tous les républicains socialistes et que nous n'avions fait que traduire devant elle — la commission, à la presque unanimité déclara qu'il n'y avait pas lieu pour l'Internationale et les Chambres syndicales ouvrières de se mêler directement à des événements encore trop incertains et dans lesquels ces sociétés pouvaient compromettre leur existence. Qu'elles avaient en vue de s'occuper uniquement des réformes sociales économiques, et que, en tant que groupes l'Internationale et la Fédération devaient s'abstenir soigneusement de toute ingérence dans l'action purement politique. Chacun des membres conservant du reste le droit d'y participer individuellement dans la mesure qu'il jugerait convenable. En vain nous objectâmes que c'était tomber dans les errements des anciennes écoles socialistes, s'imaginant qu'on pouvait scinder la vie des sociétés et obtenir l'émancipation des travailleurs même sous une monarchie ; en vain nous nous efforçâmes de démontrer que, sous peine de ne pas être, le socialisme devait être une politique ayant pour base essentielle la négation même de l'idée monarchique, nous nous heurtâmes à une résolution bien arrêtée et que fortifièrent les observations de certains des membres les plus influents de l'Internationale présents à cette séance, et nous dûmes nous retirer sans avoir pu obtenir la moindre promesse au sujet de notre mission. »
 
La rupture durera plus de trois mois, ce qui bat en brèche la conclusion des auteurs du Comité central... que « la liaison Comité central des vingt arrondissements — Comité fédéral — Chambre fédérale est absolument constante ». Relevons en passant cet intéressant paradoxe : le proudhonien Lefrançais se faisant l'apôtre  de l'engagement   politique.
 
 
5.     Le Comité central au  31   octobre
 
 
Pour en revenir enfin au document Pyat, il apporte les indications qui manquaient sur le rôle du Comité dans la journée du 31 octobre. Lefrançais les confirme et est plus explicite encore :
 
« (dans la matinée) les délégués des vingt arrondissements, réunis aux Comités de vigilance, place de la Corderie du Temple, arrêtaient qu'ils allaient immédiatement se rendre à l'Hôtel de Ville et qu'un certain nombre de leurs membres seraient envoyés au Provisoire pour sommer celui-ci, sous peine de déchéance, de convoquer immédiatement les électeurs, afin de procéder à la nomination d'une assemblée communale, désormais chargée de surveiller les opérations de la défense de Paris et de diriger son administration intérieure, sous le contrôle direct des citoyens. A deux heures de l'après-midi, les Comités réunis, délégués en tête, arrivaient sur la place de l'Hôtel de Ville par la rue du Temple... » (26).
 
En leur nom, Lefrançais pénètre dans l'Hôtel de Ville porteur de la liste de la commission qui doit être chargée de faire procéder dans les 48 heures à l'élection de la Commune. En fait, le défaut de coordination entre les divers courants révolutionnaires va faire échouer la tentative et profiter au gouvernement provisoire : Flourens, arrivé à 18 h. 30 avec ses bataillons, entreprend d'imposer, sans avoir consulté le Comité central, non pas la Commune, mais un Comité de Salut public, qui comprend notamment Blanqui, Pyat, Delescluze, Hugo et lui-même. Déçu, Lefrançais se replie sur la Corderie  :
 
« J'apprends de la permanence qu'il y a réunion plénière des vingt comités d'arrondissement à l'amphithéâtre de l'Ecole de Médecine... On y discute les listes à propos de l'élection d'une Commune, dans la persuasion qu'elle aura lieu le lendemain. Là aussi on semble ignorer l'intervention de Flourens et la nomination d'un Comité de Salut public. Dupas, dans la prévision des élections communales, voudrait qu'elles se fissent à registre ouvert... Vers 4 h. du matin, nous nous séparons après avoir arrêté les listes de candidats à présenter... » (27).
A cette heure, les forces de l'ordre ont déjà rétabli la situation. Lefrançais ?tire la leçon de l'échec : la mésentente des groupes révolutionnaires, la précipitation de Flourens, la peur aussi qu'inspire Blanqui étaient toute possibilité de?succès, en même temps que
« l'abstention systématique de l'Internationale et de la Fédération ouvrière dans le mouvement contribua pour une large part à son insuccès, en permettant à des groupes particuliers, ou même à des individualités à vues personnelles d'en altérer le caractère précis. » (28).
 
Sans porter de jugement critique aucun sur ces appréciations, relevons qu'au 31 octobre le Comité central avait un programme précis, qu'il a tenté d'imposer. Son effacement rapide est seulement la preuve de son affaiblissement, qui va apparaître plus nettement encore dans les mois  qui suivent.
 
II. — Du 31 octobre 1870 à la fin de janvier 1871
 
 
Comblant une importante lacune dans les papiers de Constant Martin, les documents inédits abondent pour cette période, qu'ils éclairent, je crois, d'un jour assez nouveau.
 
Avant de les reproduire, je relève une erreur commise par  Dautry et Scheler. Une société révolutionnaire s'est formée fin novembre — encore une — la Ligue républicaine pour la défense à outrance. Ils la considèrent comme devant être  dans l'esprit du blanquiste Sapia qui, disent-ils, en lança l'idée dans une réunion le 19 novembre — une possible machine de guerre contre le Comité, ou tout au moins une gênante concurrente que ce dernier serait parvenu habilement à s'annexer. C'est tout à fait inexact. La ligue émane directement du Comité — elle est née d'une proposition de son secrétaire Châtelain, non de Sapia (29) et ses statuts, comme en témoignent tous les exemplaires diffusés dans la presse, ont été rédigés dans les séances du Comité des 15 et 16 novembre, antérieurement donc à la date où Sapia — qui sera un membre très actif de la ligue — en répand l'idée dans une réunion du XIVe arrondissement.
 
Pareillement, il ne fait aucun doute que c'est le Comité qui a lancé le « Club central » qui devait, à l'imitation de ce qui s'était fait en 1848, réunir pour des discussions publiques les délégués des principales réunions de Paris (30). En voici la  preuve  :
 
Séance du 23 9bre (novembre) (31)
 
Président Pindy Secret. Eug. Châtelain
 
le procès verbal est mis aux voix et adopté —
Boitard dit que le cit. Grivot Maire du 12e est en faillite — comme le cit. Ranvier du XXe — avec cette différence que l'un est un honnête homme et l'autre un indélicat l'honnête homme est Ranvier (32). H propose de porter Minière.
Vaillant d(eman)de que les cit(oye)ns qui sont allés à la patrie en danger y retournent afin de faire rectifier la note du comité central qu'elle a publiée dans son n° du mercredi 23 nov. — note qui a été (rédigée ?) maladroitement. Martin se charge d'aller à la Patrie en danger demander des explications ou une rectification (33).
Moreau fait une com(municatio)n relative au XIe. Il dit que cet arrondt n'est pas révolutionnaire et désire que la cand(idatu)re Blanqui soit la seule patronnée par le comité central -
Napias — dit qu'il est abstentionniste, et cependant il a appuyé la cand(idatu)re Blanqui, la seule possible pour protester contre les arrestations du 31 oct.
Gaillard. Des officiers du bat(aillo)n de Minière ont dit qu'ils préféreraient Millière à Blanqui. Il dit qu'il a vu Lefrançais et qu'il [proteste] appuie aussi la candre Blanqui. Il remet une lettre de Ranvier qui est lue par le président par laquelle il recommande à ses électeurs la candre du citn Blanqui.
Montelle propose que des souscriptions soient faites par les 20 arrondts afin qu'au cas où nous aurions besoin de Ranvier plus tard on puisse l'élire sans difficulté
Martin répond que Ranvier est un honnête homme et qu'il n'accepterait pas les collectes.
Châtelain dit que la police bonapartiste tente d'organiser une manifestation contre le gouvt. Dans la crainte de voir le comité central et les membres de la commission de la ligue fait une proposition tendant à protester contre toute manifestations armée —
Gaillard se prononce contre la proposition du citn Châtelain et dit qu'il faut se borner à signaler les agissements de nos ennemis dans les réunions publiques
Ed Vaillant également —. Il dit qu'une nouvelle fatale circule dans ce
moment et qu'un nouveau 31 octobre peut avoir lieu.
Montel dit qu'il ne faut rien faire et rien dire — qu'il faut laisser les événements se produire et en profiter s'il est possible.
Napias rend compte des travaux de la commission nommée pour examiner la p(ropositi)on Gaillard concernant l'érection du club central — il dépose le projet d'organisation
[L'art 1er] [Gaillard] Moreau propose d'augmenter le nombre des délégués dans les arrondts populeux
Gaillard donne des explications sur l'art 1er et sur le régit en général
[Montels]
 
L'art 1er est mis aux voix et adopté?
—   2       — d° —          — d° —
 
le parag 7° de L'art 3 est discuté en ce qui concerne les groupes de citoyens et les individualités (34).
Garnier dit que les individualités doivent être admises
Le parag 7 est rétabli ainsi :
L'art 3 et l'art 4 sont mis aux voix et adopté ce dernier sauf rédaction
L'art 5 est adopté
L'art 6    — d° — sauf rédaction
L'art 7 modifié est adopté
L'art 8  est  adopté  sauf rédaction
L'art 9 est adopté
 
Vaillant propose que le club central devienne une section de l'internationale
Napias — s'oppose à la ppon Vaillant — parce que le comité central et le club central seront une institution politique ayant le même caractère que l'internationale
Châtelain s'oppose aussi à la ppon Vaillant, il dit que presque tous les membres du comité central appartiennent isolément à des sections de l'internatle et que le club central qui pourra être composé de 500 à 1.000 membres ne pourrait former une section de l'internatle.
Avré — donne quelques explications sur le nommé fanfernot II dit que cet homme était un agent de hugelmann et de Pietri
Vaillant réserve la question de l'internationale
Gaillard dit qu'il a des renseignements sur Rocher qui laissent à désirer Rocher répond qu'il est prêt à subit une enquête. Il communique au comité qu'il a été appelé par Trochu qu'il a été reçu par lui, qu'il lui a été dit qu'on ne reconnaîtrait pas la légion Républicaine et qu'on ne l'armerait pas (35). Il lui a été dit qu'il avait refusé les hongrois et les américains et encore moins de révolutionnaires.
Montel fait une communication — Il apprend que Guérin l'ancien mouchard n'a été condamné qu'à un mois de prison pour avoir blessé un nommé Tirard (?) lequel est blessé pour sa vie.
Levrault — com(muniqu)e qu'un nommé humay reçoit des individus suspects — allemands ou ayant l'accent allemand — ce humay est un allemand naturalisé. Il s'est introduit dans la famille de cet homme auquel il a prêté des cartes géographiques et il croit que cet homme et sa famille sont des agents prussiens.
La séance est levée à 5 h. 1/4.
 
Séance du 25 nov.
 
Président Napias-Piquet       Secret. — Eug.  Châtelain
 
Montel com(muniqu)e à l'assemblée que le citn Moreau aurait vu le citn Mottu m(ai)re du 11e arrondt lequel aurait promis un cirque pour la réunion du club central.
Gaillard dit qu'il a fait aussi des démarches pour obtenir une salle et qu'on pourrait avoir la Redoute 4 jours par semaine
Salle (Sallée?) répond qu'il a fait avec le citn Napias des démarches auprès des francs maçons locataires de la Redoute — on ne leur a dit-il promis la salle qu'une fois ou deux par semaine
Gaillard explique qu'en s'entendant avec les francs maçons sauf à leur laisser la salle quand ils la désireraient on l'obtiendrait 4 fois par semaine
Napias donne lecture du règlement voté dans la séance précédente — avec Gaillard — s'oppose à la red(actio)n de l'exposé de principes
Martin dde quel sera le programme proposé aux membres du club
Le présidt répond qu'aucun membre ne sera accepté s'il n'adhère pas au programme qui sera arrêté [Bellay pi
Gaillard critique la rédaction
Montelle  dit  qu'il ne  doit  pas  y  avoir  d'amour-propre  d'auteur  et  demande qu'on passe au vote
Le projet mis aux voix est définitivement adopté Gaillard émet l'avis de ne pas indiquer le local où devront se tenir les réunions du comité central
Vaillant conseille d'imprimer à l'aide de notre presse le règlement qui vient d'être voté
[Martin] Montelle annonce à l'assemblée que les agents de l'ancienne police de Bonaparte rentrent en fonctions et qu'on les arme de nouveau de casse têtes et de revolvers
Moreau dit qu'il est enragé contre le XIe arrondt parce qu'on paraît se prononcer contre Blanqui. Je ne suis pas blanquiste dit-il mais Blanqui étant un révolutionnaire il est partisan de Blanqui. Mais il est étonné que les citns pour lesquels il a fait de la propagande le menacent de lui retirer la salle.
Gaillard dit que les membres du comité Minière sont allés trouver le comité de vigilance du XXe arrondt et qu'ils ont accusé les membres de ce comité d'être des mouchards s'ils persistent à porter Blanqui
Châtelain dde au comité d'insister auprès de Minière pour qu'il retire sa cand(idatu)re — et qu'il veuille l'annoncer dans la presse démocratique
Dumont dit qu'il a été décidé dans plusieurs réunions publiques du XXe que quiconque se porterait ou se laisserait porter en concurrence à Blanqui serait déclaré traître au parti révolutre. Il manifeste l'idée de voir créer un journal par arrondt. Il propose pour le XXe un titre de journal l'œil de Marat et dde le concours de citoyens socialistes révolutres (36)
Montelle L'idée est excellente — Il a eu l'idée de créer une feuille semblable dans le XIIe arrondt
Vaillant fait part que le club de l'école de médecine s'occupe de la création d'un journal selon les idées des citns Dumont et Montelle
Moreau dit qu'il hésite de remettre la liste des citoyens adhérents à la légion garibaldienne
Gaillard dit qu'il ne faut pas prendre d'adhésions — et qu'il faut brûler les noms recueillis.
Martin répond que si Gaillard avait assisté aux travaux de commission, il n'aurait pas fait l'objection... (la suite du manuscrit manque). »
 
Du club central érigé par le Comité, il existe quelques comptes rendus de séances, intéressantes en ce qu'elles donnent le pouls de l'opinion populaire (37). Le débat, le 28 décembre, sur l'idée de Commune est à relever tout particulièrement.
 
  (Fragment de la séance du club du 17 décembre, à la Redoute)
 
« ...il prie de club central et le comité central de créer des cies de fuséens.
Dorso vient démontrer une bombe de son invention. Cette bombe a explique-t-il 3 moment d'évolution ou plutôt d'explosion II a fait une expérience à St Ouen. La bombe avec les projectiles intérieurs a éclaté en 560 morceaux En adm(ettan)t qu'un tiers de ces projectiles portent — on abattrait à chaque coup de canon 150 hommes par terre — l'in(venteu)r offre sa bombe dite bébé de la ligue le club accepte l'offre du citn Dorso
Arnaud [Lorsque Palikao arriva au ministère il pr] Le gouvernement n'est pas honnête dit-il. Il n'aurait pas dû accepter une tâche qu'il savait ne pas pouvoir remplir [La france est perdue a-t-on dit] Trochu a dit à Beaurepaire que la défense de Paris n'était pas possible, l'orateur affirme avoir entendu Jules Simon s'exprimer de la même façon.
Passant à un ordre d'idée — sont-ils républicains ces hommes qui se sont parjurés dans la nuit du 31 8bre ? Du moment qu'ils ont menti — nous avons le droit de ne point les croire. Et puis ces hommes où siègent-ils maintenant ?
Arrivant à la position stratégique, il ne s'explique pas la dépêche de Gambetta et demande où est l'armée d'Aurelles de Paladines. Il n'est pas d'avis du citn Andrieu de laisser les réactionnaires se battre encore — et croit qu'un nouveau 31 8bre arrivera par la force des choses
Constant Martin remercie les cit. du Pas de Calais de l'offrande qu'ils ont faite à la ligue ainsi que l'inventeur de la bombe dite bébé de la ligue. Parlant des subsistances, il dit que le gouvt [attend encore pour réquisitionner parce qu'il] veut la capitulation [Le seul moyen de l'obtenir est de renverser le gouvt qui est traître et lâche]
Doucet (?)  Parle de l'allocation des 75 c alloués aux femmes
La séance est levée à 11 heures aux cris de Vive la République
 
Séance du 18 Xbre
 
 Président Napias-Piquet
 
Andrieu d(eman)de explique qu'il a dit hier que le 31 8bre avait manqué parce qu'on avait laissé un homme tout faire.
Babick [dit ce qu'il a dit hier que] demande qu'il soit fait mention au procès verbal qu'il a exprimé hier qu'il ne fallait pas attendre les armées de province pour détruire l'investissement.
Le Président donne connaissance d'une résolution votée Cour des Miracles tendant au remplacement du gouvt par la Commune. Le président fait connaître ensuite la fondation de la société Monestrol [dénomméej des enfants du Tonnerre, société d'inventeurs pour la fab. d'engins destructeurs (38)
Sciau-Lavigne fait l'éloge de Marat. Il félicite le cita Bougeard pour les lignes qu'il a écrites sur le citn — Il dit qu'on a eu tort aussi de calomnier Blanqui, un autre gd citoyen. L'orateur apprend à l'assemblée que l'homme qui commande le plateau d'Avron est un g(énéra)l de l'empire qui avec 25.000 Fr de rente savait se faire 300.000 Fr par an Croyez-vous que cet homme est un défenseur de la Répube ? Il dit [aussi] qu'Un Bonaparte est encore dans l'armée — Il était lieutenant colonel sous l'empire on vient de le faire colonel de dragons. Un neveu de Piétri est aussi monté en grade, que de Bellemare [de fatale mémoire du Bourget] au lieu de passer en conseil de guerre vient d'être nommé gl de division, [et tant d'autres.] Quant à Vinoy [gl de la République] il a été le geôlier des républicains à Lambessa après le coup d'état de 1851
Et la gde natle ? elle est commandée par Clément Thomas qui nous a fait fusiller en Juin 1848, qui révoque les chefs de batn républicains — et qui dissout les conseils de famille élus par le suffrage universel. [Un fait qui a été publié par la patrie en danger c'est]
L'orateur conclut en disant que le gl d'artillerie d'Avron l'ami de Trochu ne peut être considéré comme un des sauveurs de la République
Mazaros apprend qu'il a comqué un projet à Bonvalet M(ai)re du 3è arrondt lequel ne l'a pas écouté — Il l'a donc adressé au gouvt, mais il n'a encore reçu auc(un)e réponse. Son projet consistait à demander 40 Fr à [chaque] cent p(ropriétai)re de maison pour acheter une pompe pour cent maisons. Chaque concierge aurait été pompier — ce qui aurait fait cent hommes — mettons deux tiers d'invalides il serait resté 60 hommes tant pour le service de la pompe que pour un service semblable à celui des vétérans actuels. Il explique aussi comment on aurait utilisé les pompiers actuels et les pompiers des communes suburbaines. Parlant ensuite du fils du prince Wagram l'orateur dit qu'il vient d'être nommé chef d'état major du gl Ducrot
Le citn Mazaros [dit qu'on a réq(uisition)né son. cheval pour le transport des canons et des travailleurs] Il engage tous les citns à aller concourir à la défense de Paris
Le Président répond au citn Mazaros que sa proposition concernant les concierges pompiers sera examinée par le comité central.
Leverdays — le gouvt dit-il qui s'est intitulé de la défense natle est ainsi qu'on le dit depuis longtemps le gouvt de la défaillance natle. Le gouvt n'a compris qu'une chose; que les puissances étrangères viendraient au secours de la france. Il a cru aux bons offices de l'Autriche, de l'Italie, de l'espagne — même de la Turquie et de la sympathie de l'Angleterre c'est pourquoi il a envoyé Thiers parcourir les cours de l'Europe. Le point de départ a été déplorable, quoi ! on a voulu faire intervenir les monarchies en faveur de la République.
L'orateur fait une longue dissertation politique en faveur du travail et du socialisme. Il jette un regard rétrospectif sur les faits historiques de 1789 et antérieurs à cette époque. Après un discours brillant et scientifique l'orateur démontre que les hommes du gouvt ont eut peur de la révolution sociale selon lui c'est ce qui nous a placé dans la triste situation où nous nous trouvons. Il conclut que Paris ne peut se sauver que par la Révolution.
Stricker — donne connaissance d'une résolution votée ce soir à Belleville concernant nos amis de la conciergerie (39). [il annonce qu'il a fait des compagnies de marche il]
Salomon corne à l'assemblée que le gl Crochu (.sic) a fait quelque chose — Il a fait réparer 100 fusils d'une cie de la gde natle du 3è arrondt, lesquels fusils ne valent rien. Il fait part à l'assemblée que [Trochu] Ledru-Rollin lui a dit que Trochu aurait tenu à peu près ce langage. La déf(en)se est impossible. Après que 30.000 hommes seront tombés l'honneur sera sauf.
Châtelain — dit que le gouvt et Trochu sont des orléanistes il critique le fameux plan dont on a tant parlé. Il termine en disant que dans cette salle Guillaume et Bismark ont été condamnés à mort et que II espère qu'il se trouvera bien quelques francs maçons républicains pour mettre les jugements rendus par la franc maçonnerie à exécution
Boyer lit l'adresse du comité des tirailleurs de Belleville au peuple relatif à l'organisation donnée par le capitaine Beaurepaire
Montfort dit que le comité du Xllè arrondt a fait une démarche auprès de la municipalité du 19è tendant à les engager à ne pas donner leur démission dans les circonstances difficiles où nous nous trouvons.
Monestès critique très spirituellement le gl Trochu et la défense de Paris. Il fait une figure — la République est déguenillée, dit-il, elle est en sabots, elle a perdu son bonnet phrygien en 1793 sur le champ de bataille. C'est à la République de 1870 de le ramasser [si elle veut vivre]
Longat Les convois du pauvre se succèdent dans les quartiers populaires — parce que déjà les estomacs succombent aux privations. Il termine en demandant l'union des républicains et les engage à se grouper à la ligue républicaine [et à tous les groupes républicains]
Albert Goullé — Demande que l'assemblée vote une résolution tendant à la mise en liberté des prisonniers de la conciergerie. Il parle du gl Chanzy — nom d'un jeune homme. Il termine en demandant que l'on mette aux voix sa résolution de mettre le gouvt en mesure d'attaquer vigoureusement sous trois jours les lignes prussiennes.
Le Président répond que le comité central examinera sérieusement la question et elle sera soumise mercredi à l'assemblée.
Marie — rend compte d'une conversation qu'il a eue avec un colonel par laquelle il résulterait que si l'on voulait faire une sortie sérieuse avec 25.000 hommes. L'orateur émet l'idée que si un vote était soumis au peuple pour lui demander s'il veut la République ou autre chose [il doute que] le peuple repousserait la République. Donc en allant sus aux Prussiens on installera quand même la République
Damas — commence à lire ce qu'il a copié sur un cornet de farine L'assemblée refuse d'en entendre davantage
Portalier croit que le Peuple a été patient. Il ne doit plus attendre.
Longat désire si toutefois l'armée était vaincue, que nous nous précipitions en masse s(ur) les prussiens dussions-nous tous être écrasés.
La séance est levée aux cris de vive la République démocratique et sociale.
 
Séance  du 28 Xbre 1870
 
Président : le citoyen :Dupas, assesseurs ; Châtelain, Demay, Brandely
 
Lecture est faite du procès verbal qui est mis aux voix et adopté, sauf la rectification d'un citoyen qui dit que le procès verbal fait tenir les séances de la ligue républicaine 6 place de la corderie, tandis que la ligue républicaine ne tient pas séances dans ce local.
Le citoyen Hontarède accuse énergiquement le gouvernement de disséminer 1er forces de Paris pour les faire écraser partiellement et pousser par tous les moyens à la trahison.
Le citoyen Pillot, dans un discours calme et mesuré, démontre d'une manière irréfutable, que le manque de confiance en nous-mêmes, le peu de confiance en nos principes et même « dit-il » notre lâcheté malgré notre nombre au 31 8bre nous a empêché d'avoir la commune contre 7 ou 8 cumulards. Dans la situation affreuse qui nous est faite il faut remarquer que la trahison qui veille partout, pourrait bien, à un moment donné, ouvrir les portes d'un fort à l'ennemi, et alors Paris pourrait bien être pris. « en serait-il ainsi, dit-il si vous saviez que vous avez, dans chacun de vos forts un membre de votre commune qui veillerait et serait toujours prêt à punir la trahison ? » avec la commune dit-il encore, il n'y aurait pas aujourd'hui un seul coin de Paris qui ne fût fouillé, et dans ce que nous aurions trouvé, se pourrissant dans les caves, Paris eût eu pour deux mois de plus de vivres.
Il engage vivement les citoyens à s'unir à se concerter, et à chercher les hommes qui peuvent sauver encore Paris et la partie, son discours écouté avec la plus grande sympathie est couvert d'applaudissements.
Le citoyen Chabert se dit républicain socialiste mais il demande la permission de considérer le socialisme à son point de vue personnel. A ce moment le citoyen Pessant demande la parole pour dire à l'Assemblée qu'il trouve étrange que le citoyen Chabert qui vient se dire ici socialiste ait voté au club des Folies-Bergères la monarchie. Le citoyen Chabert proteste contre cette accusation et défie qui que ce soit de prouver qu'il n'a pas toujours professé les mêmes principes. Passant ensuite à l'examen de la situation, il pense que si le gouvernement a négligé beaucoup de choses au point de vue de la défense, il faut reconnaître « dit-il » que la nation et surtout le paysan de France était presque entièrement en opposition d'idées avec le travailleur des grandes villes. Il dit ensuite que notre infériorité dans la guerre actuelle ne saurait être dans l'infériorité de la valeur du soldat français qui est au contraire supérieure à celle du soldat allemand mais seulement dans l'armement, c'est-à-dire dans la science de nos adversaires  (40).
Parlant ensuite de la Commune, il trouve que ce serait là en effet le moyen de salut mais il se demande si les hommes d'une assez grande valeur, d'une assez grande capacité se rencontreraient aujourd'hui. Son discours dans lequel on sent trop de restrictions n'est pas écouté avec sympathie et soulève les murmures et l'impatience de l'assemblée.
Le citoyen Andrieux fait remarquer que tout d'abord le citoyen Chabert ayant presque fait l'apologie du gouvernement il a presque aussi conclu à la commune révolutionnaire. Le citoyen Chabert interpellé sur la question de savoir s'il a voté au 3 9bre oui ou non, il répond qu'il a voté oui, l'assemblée murmure et le citoyen Andrieu le remercie de la loyauté de son affirmation.
Continuant ensuite à faire remarquer la contradiction du citoyen Chabert, Il prouve que c'est pas la force qu'on a obligé la France à être républicaine et patriote. Il partage l'opinion du citoyen Pillot ; que le peuple doit signifier au pouvoir par des actes où seront consignés les membres de la Commune et qu'il affirmerait pas sa signature. Il affirme que si au lieu d'avoir choisi 14 noms trop connus, le peuple eut choisi 14 citoyens les premiers venus — pourvu qu'ils fussent honnêtes — ces hommes auraient sauvé la France. Son discours énergique et puissant soulève l'enthousiasme de l'assemblée.
Parlant aussi de la commune, le citoyen Pierron dit qu'il ne faut pas de commune ou plutôt que c'est le peuple qui doit être sa propre commune. Il dit que le peuple en masse doit aller dire au gouvernement, voilà ce que je veux. Cette allocution sans conclusion fait rire l'assemblée, et le citoyen Pierron descend de la tribune.
Le citoyen Dupas, président, réfute succinctement une pareille opinion et dit que les élus du peuple étant toujours révocables, cette opinion est sans fondement.
Le citoyen Napias-Piquet, répondant plus longuement au citoyen Pierron, dit qu'en Angleterre dont parlait le citoyen Pierron, ce n'est point par des meetings ou des pétitions que l'on -change une législature : c'est là la liberté sans valeur aucune, et qui ne mène à rien : Liberté dérisoire qui semble n'exister que pour mieux museler le peuple. Passant en revue les faits et gestes du gouvernement depuis le 4 7bre il prouve que ces hommes qui ont capté la confiance publique ne manquaient pas de capacités et de valeur ;  et que contrairement à l'opinion du citoyen Chabert, ce. n'est pas toujours ces soi-disantes capacités et valeurs qui sauvent le peuple. Il termine en recommandant aux citoyens de choisir des amis pour la commune. Il dit que rien n'est plus simple, en ouvrant partout dans les assemblées publiques, dans la garde nationale, à livre ouvert.
Le citoyen Napias-Piquet propose ensuite qu'au lieu de faire grelotter les pauvres à la porte des bureaux de distribution le. gouvernement fasse apporter chez les nécessiteux, par des porteurs payés les objets distribués.
Le citoyen Garnier démontre que ce sont les hommes du 4 7bre qui ont faits tous seuls la situation présente qui doit presque autant qu'à les embarrasser. « Le gouvernement ne peut pas par sa nature être révolutionnaire et est par conséquent complètement impuissant », Il dit que nous devons être ou ne pas être et que pour être il faut la révolution. Donc, « dit-il », et pour conclusion la commune et la commune par tous les moyens imaginables et suivant que les circonstances en décideront.
Le citoyen Babick affirme que le moyen révolutionnaire —. est le seul qui puisse être aujourd'hui mis à la disposition du peuple. Gouvernés depuis longtemps dit-il par les minorités monarchiques intriguantes, nous devons aujourd'hui être guidés par une minorité dévouée aux intérêts du peuple. Il conseille de s'unir, de se groupper, partout, dans les arrondts, dans les quartiers : de dresser des listes, de présenter des listes et de les envoyer au comité central.
Le citoyen Pessant dit qu'en province le citoyen Gambetta a remplacé en province du moins en partie les vieux généraux de l'empire par de jeunes généraux pris même parmi les soldats. Il demande aussi la commune révolutionnaire dont les membres devront être comme les généraux qu'a choisi Gambetta, pris parmi la jeunesse, qui se trouvera là, toute prêts, pour se charger du fardeau de la situation.
Le citoyen Siaux-Lavigne (sic) est profondément indigné de voir l'indifférence du peuple dans la situation qui lui est faite, il demande également la commune révolutionnaire, qui, pour lui aussi, est le seul moyen de salut.
Le président résumant les débats de la séance conseille à tous les citoyens de s'organiser par tous les moyens possibles et en nombre plus ou moins grand, pour être prêts, au moment du danger qui ne pourra tarder de s'offrir. Il communique ensuite à l'assemblée que fia réunion] l'assemblée de la salle du XlXè siècle demande au gouvernement ce qu'est devenu le général Ducrot dont on n'a pas entendu parlé depuis les dernières batailles.
La séance est levée à 11 heures. Le président E Dupas. »
 
 
Le Comité central s'est donc notablement transformé. Affaibli, il tente de se refaire une audience en fédérant les clubs parisiens sous sa direction. Mais il patronne aussi la Ligue de Défense, organisation armée à demi-secrète et qui sent son blanquisme. Est-il devenu blanquiste ? Peut-être pas exactement ! Déserté par les modérés, abandonné par l'Internationale (41) il est maintenant fréquente surtout par des militants plus révolutionnaires que socialistes, favorables par exemple à la candidature Blanqui. L'échec du 31 octobre et la répression qui a suivi l'incitent à une lutte d'allures plus conspiratrices, où précisément les blanquistes excellent : c'est dans les arrondissements où leur influence est la plus grande, XIIIe, XIVe, XXe, que la Ligue réussit le mieux. Ils tendent de ce fait à jouer dans le Comité un rôle de plus en plus important ; on va les voir, au début janvier 1871, tenter un grand coup.
 
          Séance (du Comité central) du 23 Xbre 1870  (42)
 
Président le citoyen Pillot. assesseur le citoyen Beslay
 
Le citoyen Babick communique à l'assemblée qu'une sorte de confusion s'est produite dans le club du 10ème arrondt à propos de la légion garibaldienne qui se croyait organisée sous les auspices du comité central. Le citoyen Babick a fait comprendre aux divers membres de la légion présents que le comité central n'avait pris sous son patronage particulier que la ligue républicaine de la défense à outrance.
Le citoyen Landowski demande qu'une organisation par quartier semblable à celle des comités d'arrond. déjà organisés, soit au plutôt instituée, partout où se faire se pourra ; cette nécessité se fait sentir surtout du point de vue de la discution des membres qui devront être portés comme membres de la commune.
Le citoyen Napias-Piquet engage tous les membres du comité central à se tenir en garde contre les menées du club Lionais qu'il croit être en rapport direct avec Jules Favre. Il espère avoir, avant peu, et pouvoir les communiquer au comité central, des renseignements précis à cet égard.
Le citoyen Dupas engage vivement tous les comités d'arrondmt d'instituer au plutôt dans chaque arrond. des sous-comités, chargés de créer, dans chaque quartier un club particulier, pour groupper le plus possibles les forces vives de la république.
Le citoyen Briosne propose de nommer une commission de un membre par chaque arrondissement qui prendra sous sa responsabilité d'étudier le meilleur mode d'organisation de chaque arrond. au point de vue révolutionnaire. Il demande en outre qu'une comm(isssi)on de trois membres soit immédiatement nommée pour présenter dans le plus bref délai un plan général d'organisation du comité central
la 1e proposition du citoyen Briosne est adoptée à l'Unanimité la seconde devenant inutile puisque ce projet d'organisation existe déjà et est renfermé tout entier dans son règlement intérieur et général déjà voté et imprimé
Le citoyen Garnier propose qu'une common de trois membres soit nommée pour aller s'entendre avec les membres des comités qui en général ne se rendent pas au comité central pour savoir d'eux s'ils veulent oui, ou non continuer à [être] représenter leur arrondt au comité central et qu'ils devront alors fournir comme les autres arrondt leur cotisation.
Le citoyen Dupas fait comprendre au comité central que l'émanation du comité doit porter partout la force et la vie par l'organisation des grouppes franchement révolutionnaires qui devront au plutôt formé le plus grand nombre de clubs possibles.
On procède à la nomination des vingt membres représentant les vingt arrond. pour former la common devant mettre à exécution la proposition du citoyen Briosne. Ces membres sont les suivants   :
 

1er arrond

Napias-Piquet

 

 

11è

Verdure

Tanguy

 

 

12è

Montels

Arnaud (Antoine)

 

 

13è

Ferré

Garnier

 

 

 

 

14è

Constant Martin 

Leverdays

 

 

15è

Montelle

Beslay

 

 

16è

Richard

Giroud

 

 

17è

Turpin

Jules Allix

 

 

18è

(organisé)

Hubert  

(N’est pas membre du comité)

 

19è

Bernard

10e

Babick

 

 

20è

[Gaillard]  Briosne

 
La séance est levée à 6 heures. Le président Pillot.
 
 
 
     Séance du 28 Xbre 1870 (43)
 
 
Président   le   c.   Dupas, assesseurs   Arnaud, Brandely   et   Siaux-Lavigne
 
lecture est faite du procès verbal de la précédente séance qui est mis aux voix et adopté
Le citoyen Gervais l'ami est admis comme membre du comité central pour le 18 arr.
Le citoyen Constant Martin — fait une proposition tendant à invité tous les comités d'arm(ement) présentent au plutôt l'état des forces dont chaque arronm pourra disposer en temps opportun pour installer la commune révolutionnaire.
Le citoyen Montels tout en appuyant énergiquement la proposition du citoyen Constant Martin demande si l'assemblée croit que le comité devra attendre pour provoquer l'installation de la commune que des événements naturels se produisent ou si on devra agir par des moyens particuliers. Le citoyen Gervais croit qu'un événement qu'il croit proche mettra tout naturellement la démocratie dans la situation d'agir efficacement.
Le citoyen Roullier fait part au comité qu'il est délégué par le 5è arrondmt pour savoir du comité central s'il est simplement le représentant des opinions que viennent verser dans son sein les comités d'arrmt ou s'il a le droit de prendre en son nom des décisions et des initiatives [politiques] particulières. Le citoyen Leverdays également délégué du 5è pose la même question tout en se réservant le droit d'exprimer à ce sujet et de les faire prévaloir ses opinions personnelles. Après la discution, le président résume la question en prouvant clairement que le comité central qui est en effet l'expression des 20 arrdt ne doit pas seulement borner son rôle à recevoir les opinions des divers comités et laisser là ensuite ces opinions comme une lettre morte. Il croit qu'étant l'expression des opinions générales des résolutions et surtout celles qui ont pour but l'intérêt de salut public. (44)
Les citoyens délégués du 5è arrondmt reconnaissant qu'en réalité la discution portant plutôt sur une question de forme que d'une question de fond, la question est vidée. Ils demandent seulement que dans le plus bref délai le comité central [devra] fasse appelle le plutôt possible à tous les grouppes pour une discussion générale sur la situation.
Ordre du jour de la séance prochaine : De la commune Révolutionnaire et des moyens pratiques pour l'installer révolutionnairement.
La séance est levée à 4 heures.
Le président E. Dupas »
 
Séance du 30 Xbre 1870
 
Président le citoyen Dupas assesseurs : Brandely Arnaud
 
Le procès verbal de la séance précédente n'étant pas  au bureau lecture ne peut en être donnée
 
Après une longue discution sur une réunion générale des vingt arrondmts que provoquent les membres du 5ème arrondm pour être tenue dimanche prochain à l'effet de discuter une liste de membres de la commune. Il est décidé par la majorité de l'assemblée que cette réunion aura lieu dimanche prochain rue d'Arras de 10 à 1 heures pour la communication de la liste des membres portés à la commune. »
Ce que tente le Comité central, c'est le coup d'état que proposait quelques mois plus tôt Lefrançais, l'opération qui a échoué le 31 octobre : la mise en place révolutionnaire d'une Commune désignée par les réunions populaires de chaque arrondissement. On s'est demandé souvent pourquoi, au début de janvier, le Comité a changé de dénomination et est devenu « Délégation des vingt arrondissements ». L'explication est bien simple, pourvu qu'on prenne le mot délégation à la lettre : il s'agit des représentants élus par les arrondissements constituant la délégation communale qui va désormais gouverner Paris. C'est de même à la lettre qu'il faut prendre la dernière phrase de la seconde affiche rouge, apposée dans la nuit du 6 janvier, qu'on cite toujours et qu'on ne commente jamais : « Place au Peuple ! Place à la Commune » : elle devait tout simplement annoncer la prise du pouvoir par la Délégation communale des vingt arrondissements.
Devait annoncer, car bien que l'opération soit menée par les blanquistes, Tridon, Sapia, Ferré, Brideau, Caria, Duval, elle ne sera qu'un pas de clerc. Chassin nous a fait de cette révolution avortée un récit qu'on s'étonne de ne pas retrouver dans le livre de Dautry et Scheler :
La réunion annoncée à la séance du 30 décembre avait bien eu lieu le Ier janvier, rue d'Arras, et Chassin, le soir, rencontre un ami qui lui annonce que la Commune y a été nommée, qu'il en est pour le IXe arrondissement, et que tous les nouveaux délégués sont convoqués à la Corderie le lendemain ; il s'y rend :
« Au bureau, je reconnais le médecin Dupas et Leverdays. Dupas expose que la veille il a été décidé, en raison de la gravité des circonstances, de tenir la Commune prête. Puis il fait l'appel nominal des représentants des vingt arrondissements... Après quoi on procède à la nomination du bureau définitif. Tridon et H. Ferré sont mis en avant. La présidence est décernée à ce dernier.
Le président déclare qu'il n'y a plus à discuter ce qui s'est fait la veille, que la Commune est constituée et qu'il faut s'entendre sur les mesures à prendre afin qu'elle exerce la mission dont elle se charge révolutionnairement. Il propose la constitution d'un comité d'exécution, composé qu'un petit nombre de membres résolus. Des délégués du lié et du 18è arr. appuient le comité d'exécution, soutenant que l'heure est venue d'agir et qu'il ne faut plus perdre une minute. Leurs hommes, prétendent-ils, sont en permanence, avec armes et munitions, les clubs aussi.
Tridon insiste afin que l'action, s'il y a lieu d'agir, soit précédée d'un manifeste annonçant au peuple ce que l'on veut faire en son nom et lui indiquant son devoir... »
Chassin prend alors la parole pour tenter d'empêcher le coup de force :
« A voir la composition de la réunion, où l'élément hébertiste et blanquiste me semblait être aussi en majorité qu'il était en minorité dans l'ancien Comité central, j'estimais que mes conseils seraient sans discussion rejetés. Cependant, sur l'insistance de Leverdays et de Tridon, dont la modération m'étonna, au lieu de s'occuper d'abord du comité d'exécution et de salut public, comme disaient quelques-uns, on décida la nomination immédiate des commissaires chargés de rédiger le manifeste séance tenante. Les deux orateurs, plus Vaillant, l'un des assesseurs, furent élus.
Le soir, je fus un peu rassuré par un ami qui était resté jusqu'à la fin de la séance. Mes conseils avaient été repris par d'autres et avaient été suivis en majeure partie. On s'était décidé, contrairement à ce qui avait été résolu au début, à ne point s'intituler la Commune. L'action et le comité de salut public avaient été sinon abandonnés, ajournés. Enfin la proclamation au peuple n'avait point été rédigée sous forme d'appel aux armes. On s'était contenté d'une mise en demeure au gouvernement. Le 4 janvier apparut sur les murailles de Paris une énorme affiche... »
A la dernière minute, les blanquistes ont reculé. L'affiche rouge, bien qu'en somme inutile, a été néanmoins placardée, et on ne saurait à mon avis comprendre sa signification réelle sans faire appel à ce contexte révolutionnaire jusqu'ici ignoré, hors duquel, on aurait dû  le remarquer, elle  apparaît comme  curieusement inattendue, intempestive, juste bonne à provoquer une  réaction  violente du  gouvernement, sans  profit aucun pour les révolutionnaires  (45).
La seconde période de l'histoire du Comité central se solde donc à nouveau par un fiasco. Voici encore deux textes entérinant cet échec. Le premier est inédit :
 
Séance du 6 janvier 1871  (46)
 
Président Sapia — Secret Regère
 
La discussion s'engage sur les arrestations possibles — Les citoyens Vallès Arnaud Regère Th. Ferré y prennent part Ce dernier propose 1° les séances à midi 2° Les membres présentés armés et prêts à résister 3° Ils se feront accompagner par des membres armés.
Martin.  Communicat — Châtelain Pillot sont arrêtés —  aussi Napias-Piquet Tridon propose que l'assemblée porte son siège au 17è ou au 19è arrondt La discussion continue — On  a cherché  à  arrêter Pindy — Tridon propose la   salle   Favié   Cette   propos(itio)n   est   votée   à   l'unanimité   La   réunion   à   4   h
Le Cit.    s'offre à faire la permanence et à informer  les  membres
de  la  Commission
Pindy n'est pas  arrêté ;   il entre en  séance
Vallès  propose  une  délégation  pour  aller  chez  les  maires
Envoyer  chez  tous  les  adhérents?
 
Commission    initiative
Tridon
Vaillant
Th. Sapia
Duval
Th.  Perret
Caria
Arnaud
Brideau
Léo  Meillet
 
 1
 2
Pindy Arnaud    3 Bonvalet   Clairet
 4
 5
 6
 7
 8
 9
Tous les délégués 10 Murat
Clamousse 
Tesser  Caria  11 Poirier Tolain
12
Leballeur  13 Combes
Chauvière 14 [Héligon] Asseline
15
16
Bousquet 17 Villeneuve Malon
Tesser    Schomer  18
Mallet 19 Oudet     Quentin   Del(escluze)
20  commission 
 
Cette séance est la seconde qui se tient le 6 janvier ; le compte-rendu de la première se trouvait dans les papiers de C. Martin (47). La commission d'initiative dont il est question — exclusivement composée de blanquistes — est probablement le comité d'exécution auquel faisait allusion Chassin. La double liste est, à droite celle des maires, à gauche celle des délégués qui leur seront envoyés, sur proposition de Vallès.
 
Le second texte est une déclaration désabusée des « Délégués des vingt arrondissements » qui a paru dans le numéro 4 de La Lutte à Outrance les 28 nivôses an 79 (18 janvier   1871)  :
« Dès le lendemain du 4 septembre, les patriotes républicains les plus énergiques n'ont cessé de réclamer : d'abord l'occupation autour de Paris des points stratégiques indispensables à la protection de la capitale ; un réquisitionnement et un rationnement général, et l'envoi de commissaires dans les départements pour l'armement universel, pour la levée en masse. Si le gouvernement ne s'y fût point systématiquement refusé nous ne serions pas livrés au bombardement, menacés de la famine et abandonnés à nos seules forces,
Aujourd'hui même, il est urgent d'ouvrir gratuitement aux habitants des quartiers bombardés, dans les quartiers moins exposés, les locaux nécessaires, avant tout ceux de l'Etat et des riches déserteurs ; — d'opérer la distribution gratuite du pain et du bois ; — et de ne point livrer à l'abattoir les chevaux de l'armée. si l'on veut éviter le sort de Metz.
Mais le gouvernement ne fera pas plus demain ce qu'il faut qu'il ne l'a fait hier. Il nous accule à la famine, sans rien tenter de sérieux pour débloquer Paris. Des généraux placés sous le coup des soupçons les plus terribles sont impuissants à  commander.
La pire chose est d'attendre passivement la mort à domicile.
Mais nos gouvernants n'ont trouvé d'énergie que contre les Républicains arbitrairement incarcérés.
La Commune de Paris est le suprême espoir de la défense. Mais, pour que son action soit efficace, il faut qu'elle ne soit point installée in extremis.
Que le Peuple de Paris y songe  !
Il serait trop humiliant de voir Paris pris par capitulation ou de vive force, alors qu'il compte plusieurs centaines de mille hommes armés et résolus dans ses murs.
Voilà ce que nous tenions à honneur de déclarer, en ce moment suprême, à la veille peut-être de la honte ou de la mort.
Ainsi  délibéré  en  assemblée  générale, le  dimanche  15  janvier  1871
Les Délégués des vingt  arrondissements.   »
Déconcerté comme il apparaît le 15, il est peu probable que le Comité central en tant que tel ait participé à l'insurrection du 22 janvier.
 
III. - De la fin de janvier 1871   à la Commune
 
De cette période, je ne parle que pour mémoire, n'ayant à mentionner que deux textes nouveaux. Le premier est le compte-rendu extrêmement mutilé d'une séance du Comité qui se situe probablement le 28 février 1871. On y voit les membres du Comité aux prises avec le grave problème que leur pose l'apparition d'un concurrent redoutable : le Comité central de la Garde nationale. Nous sommes à la veille de l'entrée des Prussiens dans la capitale, autorisée par une clause de l'armistice : faut-il s'y opposer par la force, comme le veut la Garde nationale ? L'avis du Comité des vingt arrondissements, qui est de ne pas risquer un dangereux coup de force, prévaudra  (48)  :
« ...ces facteurs. Dit qu'une confusion s'est établie dans l'esprit de la majorité des citoyens : la corderie ne seconde pas le mouv. du comité central de la garde nationale.
Catelain. Anonce à l'assemblée qu'au boulevard Ornano on dresse des batteries de mitrailleuses et de pièces de 7 Le citoyen a cru devoir déconseiller le mouvement La mobile de Paris demande ce qu'elle doit faire dans le mouvement qui se prépare.
Piau dit qu'il croit qu'il y a un piège ;  Vrignault de la Liberté lui semble
Humbert — Ce n'est pas seulement parce que la réaction se montre dans ce mouvement, mais il s'agit de se mettre en travers pour éviter une défaite du parti révol. Quelque soit d'ailleurs la pensée des chefs du mouvement mais parce que son résultat est fatalement désastreux pour la révol. C'est une saignée du parti qu'on  cherche de nouv.  jour, de  Juin
Debock Dit que la Mobile de la Seine est prête à seconder le mouvement rév. s'il est jugé opportun
Cit Champy Parle de la délivrance des cit. Piazza et Brunel (49) il parle de l'affiche de Thiers qui vient d'être apposée. II envisage le résultat de l'entrée des Prussiens dans Paris  : tout en désirant éviter l'effusion du sang il conclut à la
Viard
Avrial  observe  que  l'assemblée  ayant  décidé  la  rédaction   d'un   M(anifeste)
Verlet arrive du Comité Central où il y a beaucoup de réac. et beaucoup aussi de républicains il a combattu la résistance, a été approuvé et a remarqué que les quartiers réaction, sont les plus acharnés
Vallès la révolution connaît sa voie : elle ne veut pas s'engager dans l'impasse ouverte devant elle
Minet — rend compte de sa mission au Comité de la G N II a combattu la résistance. C'est avec peine que des citoyens ont abandonné leurs résolutions Mais enfin ils se sont rendus à la raison. Il développe ses idées quant au mouvement n'y voit pas la révolution mais un piège de Thiers qui veut écraser le parti Républicain de concert avec les prussiens et la réaction.
Baus Dit que dans une précédente réunion
Thomelin vient annoncer qu'à la Bastille, sur la propos, d'un marin la mobile est allée délivrer les marins enfermés à la Pépinière et à l'Ecole militaire
'   Minet. — Croit que la réunion de la garde nationale est sincèrement républ. Il y a des éléments socialistes. Vrignault a  pris l'initiative mais on l'a  éliminé.
Ant Arnaud Dit que l'on ne doit pas aller à demander au Général Vinoy son approbation  pour  établir un  cordon  militaire  autour  du  quartier  des prussiens
Minet rectifie, non seulement il ne veut pas l'approbation de Vinoy, mais encore il a demandé que dans le manifeste qui sera rédigé on spécifie bien qu'on n'abandonne pas la lutte à cause de ses menaces. Si Vinoy voulait frapper le comité il est assez puissant pour arrêter ce générai
Vallès demande que, puisque le comité de la Garde nationale est dans ces sentiments si patriotiques on tente une fusion (50)...
Le second texte est le compte rendu d'une séance du Comité central, pendant la Commune, qui a paru dans le n° 18 du journal Paris-Libre, le 10 floréal an 79 (29 avril 1871) et que  Dautry et Scheler ont oublié de relever. A ce moment, le Comité n'a plus qu'un rôle effacé, celui d'un conseiller bien peu écouté :
« Le Comité central des vingt arrondissements, dans sa séance du mercredi 26 avril, a voté à l'unanimité le projet de décret ci-après et a décidé qu'il serait envoyé à la Commune de Paris.
Projet de décret
Considérant que chacun doit être responsable de ses actes et réparer le mal?qui en resulte, la Commune décide  :
 
1° Les parents des citoyens- nés dans le département de la Seine et morts dans les rangs de l'armée de Versailles et les blessés survivants auront droit à des indemnité dans le chiffre sera fixé ultérieurement. Seront exceptés tous les combattants volontaires.
  Les députés du département de la Seine qui n'ont pas donné leur démission le jour de la proclamation de la Commune à l'Hôtel de Ville seront rendus responsables sur leur propriété. Chaque département de la France sera invité a prendre la même résolution en ce qui le concerne.
2° Tous les citoyens blessés et les parents des citoyens morts dans les rangs? de l’armée de Paris pendant la lutte ont droit des indemnités dont le chiffre a? été fixe par un décret de la Commune. Les dégâts matériels donneront lieu plus?tard a des dommages intérêts. p
- Tous les députés de Versailles, tous les membres du gouvernement, tous les chefs militaires sans exception, jusqu'au grade de capitaine inclusivement seront rendus responsables sur leurs propriétés des sommes nécessaires au paiement de ces indemnités. Cette dernière décision sera, après la guerre, soumise à l'approbation  de la France entière.
 
Pour le comité des vingt arrondissements :
 
Le président du jour : Brandely
L'un des assesseurs : Barthélémy
Le secrétaire  :  E. Châtelain
 
Le précédent projet de décret a été approuvé par la réunion publique des républicains des départements, qui a eu lieu le jeudi 27 avril, tenue à l'amphithéâtre de l'Assistance publique. »
 
Il existe encore, aux Archives de la Guerre, quelques textes émanant du Comité des vingt arrondissements. Ce sont surtout des communications au Comité de salut public sur la situation militaire, qui n'ont pas grand intérêt historique. Es prouvent seulement que jusqu'aux derniers jours de la Commune (19 mai), le Comité central a continué de fonctionner. Mais il n'est plus alors que le fantôme de lui-même, puisque dépeuplé de ses meilleurs militants, qu'il a fait élire en majorité à l'assemblée communale. C'est là son premier et son seul succès, sa revanche aussi sur le comité concurrent de la Garde nationale. Car si c'est ce dernier qui a réussi l'insurrection tant de fois manquée par le Comité central, c'est finalement celui-ci qui, le 26 mars, a donné ses chefs à la Commune.
 
 
 
(1) Le Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris (septembre 1870-mai 1871), d'après les papiers inédits de Constant Martin et les sources imprimées, publié avec le concours du CNRS, Ed. Sociales, 1960, 268 p.
 
(2) Tous les historiens souhaiteront sans doute comme moi que cette importante masse de documents soit un jour versée à l'une des archives françaises, afin que chacun puisse à loisir s'y livrer à son propre examen exégétique, et quelquefois graphologique.
 
(3) Annales de l'Assemblée nationale, t. XXI, rapport Daru, pièce justificative K, p. 530 sq. « Le procès-verbal... a été saisi au domicile de l'un des hommes qui ont été compromis plus tard dans l'insurrection du 18 mars » (ïbid. p. 33). 1& pièce manuscrite, aux Archives nationales porte la date du 29 novembre 1870 et les indications : Certifié pour copie conforme à l'original. Note non signée, paraissant écrite de la main de F. Pyat... et classée aux Archives de la justice militaire (Comité central, période du 4 septembre 1870 au 8 février 1871).
 
(4) Inexact : les délégués ont été reçus par Gambetta dans la nuit : voir plus loin.
 
(5) L'adresse a paru notamment dans Le Rappel, n° 451 du 6 septembre.
 
(6) Un compte-rendu très détaillé de cette séance a paru dans Le Rappel, n° 453 du 8 septembre. Voir à ce sujet J. Dautry et L Scheler, Le Comité central républicain..., p. 14-16.
 
(7) Cf. Enquête parlementaire sur l'insurrection du 18 mars, p. 322 : déposition de M. Tirard : « Vers le 6 ou le 7 septembre, je reçus la visite de quatre ou cinq individus qui m'étaient complètement inconnus... Ces messieurs vinrent me dire qu'ils étaient le comité de vigilance du 2e arrondissement... Les membres de ce comité étant revenus à plusieurs reprises, et voulant s'imposer, je finis par les mettre à la porte. »
 
(8) La première « affiche rouge », qui a été en réalité placardée le 15.
 
(9) Le Comité central..., p. 54-57. C'est le 20 qu'a lieu la réunion de l'Alcazar, et l'entrevue avec les membres du gouvernement, à laquelle n'assistaient pas de chefs de bataillon, a eu lieu le 21.
 
10) Le Comité central..., p. 85-88, la proclamation « Dans le danger?suprême de la patrie... » et p. 90-91 le programme électoral : « En vue des élections?qui vont se faire... »
 
(11) Ils ont en revanche utilisé ses Souvenirs d'un Révolutionnaire, plus tardifs et moins explicites. En parallèle, je citerai plus abondamment qu'ils n'ont -fait le manuscrit de Ch.-L. Chassin sur l'histoire du Comité (Bibl. de la Ville de Paris, papiers Chassin, 7e carton).
 
(12) Le Comité central..., p. 14-16. Le 5 septembre, rue Aumaire, Tolain avait critiqué l'idée d'un « Comité de Salut public qui ferait des arrestations au lieu de décréter la victoire. » Mais Tolain, toujours très modéré, n'est pas toute l'Internationale : il n'apparaîtra d'ailleurs jamais dans le Comité central.
 
 (13) Etude..., p. 62-63.
 
(14) Etude..., p. 64.
 
(15) Bibl. nationale, Lb57 298.
 
(16) Souvenirs d'un Révolutionnaire, p. 397.
 
17) Lequel n'est pas du tout à mon avis composé de Varlin, Privé, Spoetler, Haan, Hamet, Chouteau et Robillard, comme l'affirment les auteurs du Comité central... (p. 18). Le texte que signent vers le 6 septembre ces Internationaux ne peut être considéré comme émanant du Comité provisoire : habitant tous le V" et le VIe, ils lancent une proclamation purement locale, visant seulement à organiser dans leurs deux arrondissements des comités particuliers de vigilance.
 
(18) Sans signature. Archives de la Préfecture de police  : B/A 1615.
 
19) Ces deux pièces aux Archives de la Guerre. Non cotées.
 
(20) Arch. Préf. pol. B/A 1615 et B.N. Lb57 289. —  Dautry et Scheler considèrent à tort ce texte comme une simple proclamation du Comité du IIIe arr.
 
(21) Arch. Préf. pol. B/A 1615.
 
(22) À la séance du Comité du 30 septembre, Oudet fait remarquer que « Les membres de nos commissions sont tous partis avec des missions. Vaillant appuie Oudet, demandant des commissions dans chaque comité d'élections et de défense. Pagnerre se plaint de la dissolution faite par ceux qui ont accepté des missions » (Le Comité central..., p. 77-78).
 
(23) Le Comité central..., p. 84-88.
 
(24) En toute logique, Vaillant, qui appartient à la gauche, ne devrait pas être considéré par Dautry et Scheler comme blanquiste : fin septembre, il signe aux côtés de Leverdays, Longuet, Dupas, une proclamation archi-proudhonienne, Aux Districts réclamant une organisation fédéraliste de l'administration de la capitale.
 
(25) Etude..., p. 90-91. Lefrançais minimise trop le rôle de l'Internationale aux débuts du Comité. Il est évident d'autre part, qu'en même temps que Chassin, il vise Blanqui.
 
(26) Etude...,  p.  94.
 
(27) Souvenirs d'un Révolutionnaire, p. 421.
 
(28) Etude..., p. 100.
 
(29 Cf. La Patrie en Danger, n° 72 du 21 novembre 1870 : « Le Comité central... dans sa séance du lundi 21 novembre a admis le projet du citoyen Eugène Châtelain, membre du Comité, concernant la LRDO. et déclare à partir de ce jour en accepter la direction. »
 
(30) Les auteurs du Comité central ne se montrent pas clairs sur ce point : « Les adhérents à ce nouveau club, c'est Châtelain qui les inscrit, non pas parce qu'il est secrétaire du Comité central, mais parce qu'il loge 129 rue St Honoré et que c'est là — avec la précision qu'il s'agit du siège de la LRDO — qu'il faut s'adresser pour adhérer. » (p. 137).
 
(31) Arch. du Min. Guerre. Pièce non cotée. Les mots entre crochets sont rayés dans l'original : n'ont été conservées que les variantes présentant quelque intérêt et ne: gênant pas la lecture du texte final. Entre parenthèses les abréviations restituées. L'orthographe a été scrupuleusement respectée. Tous les textes qui suivent étant longs, j'ai préféré ne pas les alourdir encore de commentaires intempestifs, n'éclaircissant en note que quelques points indispensables.
 
(32) Ranvier venait d'être élu maire du XXe ; ancien marchand de charbon, il avait fait faillite en 1861 et n'avait pas été réhabilité. Le Provisoire en avait pris prétexte pour contester son élection ; il était d'ailleurs emprisonné pour sa participation au 31 octobre.
 
(33) La déclaration du Comité invitant les Parisiens à voter pour Blanqui en remplacement de Ranvier à la mairie du XXe avait été inspirée dans la Partie en Danger, mais sous le chapeau inexact : « Comité central du Vingtième arrondissement de Paris ».
 
(34) Art. 3. — Pourront ensuite être admis comme simples membres du club... 7°)  les délégués de tout groupe de citoyens républicains-socialistes, dont les principes seront en accord avec ceux du Comité central.
Voir le texte du règlement du Club dans Le Comité central..., p. 137-142.
 
(35) Rocher, ancien employé de chemin de fer qui avait été injustement licencié à la suite d'un accident qui l'avait laissé manchot : cela l'avait rendu révolutionnaire   II tente à  cette date d'organiser une « légion  garibaldienne »  armée.
 
(36) L'Œil de Marat a eu deux numéros : BN 4° Lc2 3375 ; le journal du club de l'Ecole de Médecine dont il est question est La Lutte à Outrance, d'A. Lévy : B.N.  Lc2 3382.
 
 (37) Arch. Préf. pol. B/A 1615. Les deux premiers textes sont très raturés : je n'ai conservé que les variantes indispensables.
 
(38) « Les Enfants du Tonnerre », société fondée par le citoyen Monestrol. Statuts (12 décembre). Paris, Raçon, sans date (1870), in-8°, pièce. B.N. Lb57 913.
 
(39 Les détenus du 31 octobre. Le club bellevillois dont il est question est évidemment le Club Favié. Cf. Molinari, Des clubs rouges, passim.
 
(40) Le citoyen Chabert était un socialiste modéré — qu'on retrouvera après 1871 —, et dont les déclarations toujours fumeuses suscitaient chaque fois quelque émoi dans les clubs où il apparaissait. Cf. Molinari, Les clubs rouges, passim.
 
(41) Fin novembre (et non courant septembre, comme l'a cru J. Dautry, " Le problème national devant l'opinion ouvrière à la veille de la Commune ", Cahiers Internationaux, mars 1953), l'Internationale publie un très important manifeste pour la Commune, sur lequel j'aurai l'occasion de revenir : « Citoyens, au moment où le sol de la France est envahi... »
 
(42) Arch.  Min.  Guerre.  Pièce non cotée.
 
(43) Arch. Préf. pol. B/A 1615.
 
(44) Il est donc encore une fois question du Comité central dirigé ou directeur. On notera que les proudhoniens Rouillier et Leverdays (mais le président Dupas est lui aussi proudhonien) reconnaissent finalement que le problème est sans importance. En tout cas, tout le monde est d'accord désormais pour « installer révolutionnairement la Commune ».
 
(45) Cf. sur l'affiche rouge, l'article de S.P. Ajnberg Zagriatckova :  « Krasnaja afisa », Voprosy Istorii, 1950, n° 4. p. 88-91. Une traduction française en a paru dans 1848, Revue des Révolutions contemporaines, 1951, no 188, p. 19-25. Dans son article : « K istorii krasnoj afisi i vosstanija 22 janvarja 1871 g. v Parize », paru dans Novaja i novejsaja istorija, 1961, n° 2, p. 89-98, Ja, I. Drazninas pressent que l'affiche coïncidait avec la préparation d'un mouvement insurrectionnel mais n'en donne pas de preuves suffisantes.
 
(46) Arch. Min.  Guerre. Pièce non cotée.
 
(47) Le Comité central..., p. 149-152.
 
(48)  Arch. Min. Guerre. Pièce non cotée.
 
(49) Ils avaient tenté, le 29 janvier, de soulever la garde nationale Détenus à Sainte-Pélagie, ils sont délivrés par un coup de main sur la prison dans la nuit du 27 au 28 janvier.
 
(50) Au moins une tentative de rapprochement paraît-elle avoir été tentée a la séance du 3 mars du Comité de la Garde nationale, on note en tout cas la présence de Viard, Pindy, Varlin, J. Durand. H. Verlet Lacord membres du Comité des vingt arrondissements ou de l'Internationale.










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